D’après une dépêche de l’AFP Washington, la National Aeronautics and Space Administration (NASA) s’apprête à lancer une sonde en direction de l’astre solaire en juillet 2018.
Après un voyage de 6 ans, elle se rapprochera progressivement de celui-ci pour s’installer en orbite à une proximité encore jamais atteinte jusqu’alors. Si ce n’est pas cette fois qu’une machine de confection humaine pourra toucher le soleil, cela ne marque pas moins une étape importante dans la connaissance de notre étoile.
Car l’objectif est bien de mieux comprendre son fonctionnement, tout particulièrement les raisons du différentiel de température entre sa surface et son atmosphère, ou encore le mécanisme des vents solaires.
Un progrès pour la science, donc, qui ne manquera pas de stimuler l’imagination des néophytes.
Toucher le soleil : un fantasme vieux comme le monde
On a beau avoir envoyé une chienne dans l’espace, avoir pris un ticket aller-retour vers la lune et posé des robots sur mars, il reste ce rêve fou que l’humanité s’est jusqu’alors contenté de caresser : toucher le soleil.
C’est d’ailleurs peut-être précisément parce que poser le pied sur cette énorme boule de gaz et de feu est impossible, que ce fantasme demeure aussi vivace et féérique.
Car l’homme n’a pas attendu l’avènement des vaisseaux spatiaux et la conquête de l’espace po ur s’imaginer frôler du doigt l’astre qui lui permet d’exister.
Les Grecs, qui ont su en consacrer l’idée à travers un des mythes les plus tragiquement célèbres qui ne fût jamais conté, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.
Icare, le premier, fit l’amère expérience de l’impossibilité de toucher le soleil. Conte critique de l’ambition démesuré d’un homme – de l’ubris, comme l’appelaient ses créateurs – on peut y lire aujourd’hui l’anticipation d’une technique (les ailes d’Icare) qui risque de causer notre perte.
Plus récemment, c’est aussi un art populaire qui s’est emparé du concept. « Le chant du papillon », extrait de L’arbre des possibles de Bernard Werber se réapproprie le mythe pour montrer que les mystères de la science sont aussi, parfois, salutaires, puisqu’ils permettent à la nature d’échapper à l’action délétère des hommes.
L’occasion de redécouvrir le site novateur du recueil à succès.
Cependant, la différence entre ces deux récits, est que son avatar moderne prend, lui, acte de la toute-puissance de l’ingéniosité humaine, puisque, contrairement à Icare, c’est précisément de l’aptitude des hommes à toucher le soleil dont il faut se méfier.
Une sonde lancée à toute berzingue
En contrepoint de ces mises en garde, la NASA a, elle, fait le choix de l’accélération. Heureusement, il ne s’agit pas encore de conquérir l’astre du jour, mais, plus humblement, d’en apprendre un peu plus sur son caractère capricieux.
Toucher le soleil n’est donc pas pour demain, et la sonde solaire Parker se contentera de frôler le char de Phébus sans y poser un orteil.
Si l’on parlait d’accélération, ce n’était pas seulement en termes métaphoriques : car la vitesse est justement au cœur de l’opération.
Dévouvrez les détails du lancement dans cet article.
La sonde, nommé après un spécialiste du soleil encore vivant (une première pour la NASA), devrait ainsi battre le record de vitesse d’objet construit par l’être humain, en atteignant les 194 km/s lorsqu’elle évoluera dans l’orbite elliptique le plus rapproché de l’étoile.
Une performance rendue possible par l’utilisation – plutôt que la fuite – de la gravité solaire. Si elle n’a pas vocation à toucher le soleil (sauf en cas d’accident), la sonde devrait nous permettre d’effleurer des connaissances toute neuves sur son atmosphère, et d’expliquer pourquoi celle-ci est plus chaude (jusqu’à deux millions de dergrés) que sa surface (5800 degrés).